mardi 7 avril 2009

L'Union du 05 Avril: "Ecole : futurs profs ou profs sans futur"

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La formation des enseignants est au cœur d'une réforme qui démantèle les instituts de formation des maîtres. Laon se mobilise et le mouvement gagne du terrain.

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ILS et elles se nomment Claire Babillote, Samuel Cauvel, Vivien Brunel ou Laurianne Alluchon. Ils et elles sont près de 360, élèves et professeurs stagiaires de l'Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Laon à nourrir les plus grandes craintes quant à l'avenir que le gouvernement leur réserve.
Après Laon, les antennes de Beauvais et d'Amiens sont touchées par des rassemblements, des mobilisations, des occupations. « Aujourd'hui, il faut être titulaire d'une licence pour ensuite intégrer un IUFM et suivre un an de formation et une autre année en alternance en qualité de professeur stagiaire. Ce qu'on nous prépare, témoigne Laurianne Alluchon, c'est un cursus totalement universitaire et théorique sur la base d'un master. Il y aurait cinq années d'études avec seulement trois mois de stages pratiques. C'est une première dévalorisation de notre formation ».
L'aspect financier n'est pas non plus négligé. « Il ne faut pas oublier qu'en deuxième année d'IUFM, nous sommes sous statut de professeur stagiaire et donc rétribué 1 340 euros nets comme un prof débutant. Avec la réforme, nous passerons au final cinq ans sans rémunération. On peut craindre, estime Samuel Cauvel, que les effectifs en master comprennent des profils sociaux de jeunes plutôt aisés ». Les élèves de l'IUFM de Laon ne sont pas en grève. Ils assistent aux cours et préparent leurs examens de juin. Mais ils se réunissent en assemblées générales. « C'est une sorte de pression faite pour sensibiliser l'académie », indique Pierrick Tarin le directeur des lieux.
Le personnel est majoritairement solidaire des étudiants et la concertation se construit avec les autres instituts mobilisés. « Nous avons une rencontre mercredi prochain à Amiens avec nos autres collègues, signale Vivien Brunel. Chaque jeudi, nous organiserons aussi un événement particulier comme le dernier défilé nocturne à Laon. Nous voulons informer les parents et sensibiliser les élus ».
Une présence des élèves et stagiaires vendredi à la cérémonie de pose de la première pierre du restaurant universitaire, à deux pas de l'IUFM est d'ores et déjà programmée. « À Amiens en septembre, un jardin d'enfant pour des gamins de 2 à 5 ans sera inauguré. Ce sera une maternelle mais sans enseignant ! Voilà la tendance, regrettent les étudiants. Si rien n'est fait, on va vers une privatisation de l'école »
Qui, mieux que ces futurs profs, peut s'élever contre cette inquiétante perspective ?
Yves Klein

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