mercredi 1 avril 2009

Monsieur le ministre,
Nous sommes des étudiants et professeurs des écoles stagiaires en formation au centre de Laon del'iufm de l'académie d'Amiens. Nous avons voté les états généraux. Le terme est fort, lourd même. Aussi lourd que peuvent l'être des déclarations contradictoires, des projets confus et mal justifiés.
Etre PE1 aujourd'hui, Monsieur le ministre, c'est ne pas connaître tout au long de son année de préparation au CRPE quel sera son statut, quelles seront les modalités de sa formation.
Etre PE1 dans l'avenir, celui que nous promet votre réforme, c'est cinq années d'effort financier pour accéder au concours, mais pour exercer quel métier? 
Comment, lorsqu'un enfant d'ouvrier sur 10 parvient dans le cycle des études supérieures dans le système actuel, votre réforme peut-elle donner un sens aux fondements  de l'école de la République : « l'égalité des chances »?
Cette formation, Monsieur le ministre, apparaît bien en deçà des enjeux et des défis de l'école d'aujourd'hui, si l'on ambitionne pour elle qu'elle soit conforme aux valeurs républicaines. Votre gouvernement, en imputant aux universités cette formation, continue à rédiger l’arrêt de mort d’une éducation que vous ne voulez plus nationale. Sous l'égide de la LRU et du LMD, la formation sera différente d'une université à l'autre puisqu'il appartient désormais à chaque faculté d' élaborer ses propres contenus de formation. 
C’est la fin du service public. En tant que service républicain égalitaire et démocratique.
De plus, le risque de voir disparaître le pédagogique au profit d'une formation théorique et universitaire est plus qu'imminent. Comment garantir une entrée dans le métier sereine, après à peine 3 mois de stage dont les modalités, encore une fois, sont loin d'être déterminées.
Il est clair pour nous tous que cette réforme ne rentre pas dans l'idée que nous, futurs enseignants,nous faisons de l'Ecole. La place du concours, en fin de parcours de formation offre la possibilité de recruter les enseignants sous contrat de droit privé, puisqu'ils seront titulaires d'un master « enseignement » et donc déjà « formés ». Les futurs personnels recrutés sous ce mode seront soumis à des logiques de rentabilité, et non de qualité. 
Dans votre conception de la future Ecole, il appartiendra à chaque établissement
(EPEP) d'élaborer son propre projet éducatif et de déterminer ses objectifs spécifiques, ce qui lui laisse la possibilité de recruter son personnel selon des critères fluctuants. C'est la fin de l'école publique, garante de l'égalité d'accès à une éducation de qualité pour tous, quel que soit le milieu social d'origine.
Monsieur le ministre de l'éducation nationale, nous, professeurs des écoles stagiaires et postulants aux concours, nous souhaitons et sommes destinés à devenir des professionnels responsables du devenir citoyen et personnel des générations à venir. Pour cela, dans notre formation, nous avons à valider impérativement une compétence intitulée : « Agir de manière éthique et responsable en fonctionnaire d'état ». 
Le contenu est explicite. Or, nous estimons que vos idées, censées « réformer » le système
éducatif ne correspondent en rien à son amélioration, mais bien au contraire à sa dégradation. Si les seules perspectives possibles pour le système éducatif français sont celles que vous proposez (soit dit en passant sans concertation aucune avec les gens qui en sont responsables) sachez qu'il nous est extrêmement délicat d'y adhérer en toute légitimité.
Nous ne sommes pas dupe de vos manoeuvres financières, et sachez que nous mettrons tout en oeuvre pour les confondre auprès du reste de l'opinion.
Les usagers du centre IUFM de Laon

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